Publié le 17 janvier 2022
ÉCONOMIE
Explosion sociale, catastrophes climatiques, démissions... Voici les principaux risques qui pèsent sur l'économie en 2022
Alors que le monde est toujours englué dans la pandémie de Covid-19 deux ans après l'apparition du virus, l'économie tente de repartir. Mais les menaces sont multiples. Le prix des denrées alimentaires a bondi en l'espace d'un an alors que le Forum économique mondial craint l'émergence d'une cyberguerre. Tour d'horizon des principaux risques qui pèsent sur 2022.

Ed JONES / AFP
Menace d’une cyberguerre
C’est l’un des plus grands risques pour l’humanité à moyen et à long terme, selon le dernier rapport du Forum économique mondial, basé sur l’impression de plus de 1000 experts et dirigeants politiques. Selon Carolina Klint, responsable de la gestion des risques pour l’Europe continentale chez Marsh : "Nous en sommes maintenant au point où les cybermenaces augmentent plus rapidement que notre capacité à les prévenir et à les gérer efficacement". Les dirigeants craignent même que l’explosion des cyberattaques mènent à une cyberguerre entre nations. Espionnage numérique, diffusion de fausses informations… certains États ont en effet, ces dernières années, soutenu ou même développé des cyberattaques contre d’autres pays dans un but de déstabilisation.
Crise alimentaire mondiale
C’est une véritable explosion. En 2021, le coût des produits alimentaires a bondi de 28 %. Du jamais vu depuis 10 ans, explique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (FAO). "Si les prix élevés devraient céder la place à une augmentation de la production, le coût élevé des intrants, la pandémie mondiale en cours et les conditions climatiques de plus en plus incertaines laissent peu de place à l’optimisme quant à un retour à des conditions de marché plus stables, même en 2022", a déclaré Abdolreza Abbassian, Économiste principal à la FAO. L’Afrique, très dépendante des importations alimentaires, est particulièrement touchée. Déjà en 2008, le continent avait été le théâtre d’émeutes contre la faim.
Le risque d'une grande démission
C’est un record. Depuis le début de la pandémie, jamais autant d’Américains n’avaient quitté leur travail. Ce phénomène, baptisé "The Great Resignation", devenu viral sur les réseaux sociaux, exprime un nouveau rapport au travail entre le ras-le-bol des caissières, aides-soignantes, femmes de ménage… qui aspirent à un travail mieux reconnu et payé, et des cadres qui aspirent à un changement de vie. En France, ce phénomène n’a pas pris une telle ampleur mais les experts constatent une hausse des ruptures conventionnelles et des emplois vacants dans plusieurs secteurs dont l’hôtellerie et le bâtiment. Jamais la mobilisation n’avait aussi forte pour revaloriser les salaires lors des négociations annuelles obligatoires. Plusieurs grands groupes dont Decathlon et Leroy Merlin par exemple ont été ciblés par des grèves de leurs salariés réclamant une augmentation de revenus.
Le coût des catastrophes naturelles
170 milliards de dollars. C’est la somme astronomique des dommages des dix catastrophes climatiques les plus coûteuses de 2021. Sur ce triste podium, on trouve la tempête Ida qui avait notamment entraîné des inondations à New York, avec 65 milliards de dollars de coûts économiques estimés. Viennent ensuite les inondations de juillet en Allemagne, en Belgique et dans les pays voisins, avec 43 milliards de dollars de pertes, puis la tempête hivernale Uri aux États-Unis, avec une vague de froid jusqu'au Texas, qui a notamment touché le réseau électrique et engendré 23 milliards de dollars de dégâts. Or 2022 s’annonce tout aussi apocalyptique. Entre la sécheresse au Colorado, l’invasion des scarabées en Argentine à cause de la canicule ou encore un thermomètre à 50°C en Australie… le changement climatique accélère et intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes. Et sans action concrète, les assureurs préviennent qu’ils pourraient tout simplement se retirer.
Éclatement des tensions sociales
Au cœur du problème : les inégalités vaccinales. Alors qu’aujourd’hui, à peine plus de 10 % de la population africaine est vaccinée, la reprise économique mondiale s’annonce très inégale. "Le Covid-19 et ses conséquences économiques et sociétales continuent de constituer une menace critique pour le monde. Les inégalités vaccinales et une reprise économique inégale qui en résulte risquent d’aggraver les fractures sociales et les tensions géopolitiques", notent le WEF. La banque mondiale craint même un risque "d’atterrissage brutal" des pays en développement. Au-delà de l’accès aux vaccins, c’est aussi l’accentuation des inégalités qui pourrait être l’étincelle. La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté au cours des 19 derniers mois que sur la dernière décennie, selon l’ONG Oxfam.
Pénuries de matières premières et inflation
Le Covid-19 a révélé la vulnérabilité de notre système mondialisé. Les chaînes d’approvisionnement, éclatées, n’arrivent pas à s’adapter : les fast food manquent de frites, les fabricants d’automobiles de semi-conducteurs, et les papetiers de papier. Entre une demande bien plus forte que l’offre, le coût d’acheminement des conteneurs et la pandémie qui ralentit toujours la production, la situation devrait perdurer en 2022. Cela se traduit par une hausse des prix pour les consommateurs. Le géant Ikea a, par exemple, annoncé être contraint d’augmenter ses prix de 9 % en moyenne en 2022. Une première depuis la pandémie pour cette chaîne suédoise de meuble à bas coût.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina