Publié le 19 mars 2021
ÉCONOMIE
Crise du Covid-19 : la Cour des Comptes souligne le manque d’anticipation des services de l’État
Dans son rapport annuel publié jeudi 18 mars, la Cour des comptes s’est penchée sur la gestion de la crise sanitaire et en tire les "premiers enseignements". Celles-ci jugent que l’État a fait preuve d’une faible anticipation et que certains des coûts auraient pu être évités. En particulier le Premier Président de la Cour met en avant les conséquences sur les hôpitaux et l’enseignement.

@ELombard/Cour des Comptes
Jeudi 18 mars, quelques heures avant que le gouvernement ne remette sous confinement un tiers des Français, la Cour Des Comptes a publié un rapport assez accablant sur l'impréparation de l'État en matière de lutte contre l'épidémie. Selon les sages de la rue Cambon, les hôpitaux et l'enseignement ont en particulièrement souffert, faute d’anticipation. Même si ceux-ci précisent que leur forte mobilisation a finalement permis de faire face.
La Cour constate globalement une "faible anticipation" assez générale, symptomatique du fait que "les acteurs publics n'accordent pas suffisamment d'attention à la gestion des risques, à leur préparation, quelle que soit leur nature". "Notre rapport s'attache (...) à partager certains enseignements pour renforcer notre résilience collective lors des prochains chocs, quelle que soit leur forme ou leur intensité", a commenté le premier président de la Cour, Pierre Moscovici.
.@pierremoscovici : "Le premier enseignement, c’est la faible anticipation de la crise au sein de la plupart – je dis bien la plupart et non la totalité – des acteurs publics étudiés"#RPA2021 #COVID19 pic.twitter.com/lI13uqsCwn
— Cour des comptes (@Courdescomptes) March 18, 2021
"Il ne faut pas que nous soyons dans le même état d'impréparation" lorsque la prochaine crise arrivera", a-t-il ajouté, précisant que le rapport "s'attache surtout à souligner la remarquable réactivité des acteurs publics face à un choc sans précédent". "Les acteurs publics ont tenu", insiste l’ancien commissaire européen.
L’équipement hospitalier se dégrade
"Dans la plupart des cas, les dispositifs d'anticipation de crise n'étaient pas au rendez-vous : pas de plan de continuité dans les établissements scolaires, pas de plan adapté non plus dans les services de réanimation ni à la SNCF", regrette le rapport. Dans les hôpitaux, la réanimation était "un secteur mal préparé à affronter la crise", avec notamment "un taux d'équipement qui se dégrade, marqué par de fortes inégalités territoriales", indique-t-elle.
Toutefois, dans l'enseignement, la continuité scolaire a pu être assurée "rapidement" grâce aux outils numériques existants, mais ceux-ci ont montré leurs limites, notamment pour les plus jeunes et pour les élèves souffrant de handicaps. Et la Cour critique le manque d'"organisation collective" de cet enseignement à distance par les établissements. Elle souligne ainsi la grande capacité de réaction des acteurs publics, qui ont aussi su faire preuve d'innovation pour faire face à la crise.
Au plan financier, si la crise a eu un coût "élevé" pour l'État, entre 160 et 170 milliards d'euros à ce jour selon le gouvernement, la Cour insiste aussi sur l'efficacité "discutable" de certaines dépenses, par exemple pour l'hébergement d'urgence des sans-abri. Elle estime que les contrôles doivent être renforcés sur d'autres dépenses, comme le dispositif du fonds de solidarité pour les entreprises, qui a coûté 12 milliards d'euros l'an dernier.
Ludovic Dupin avec AFP