Publié le 14 avril 2021
ÉCONOMIE
Face à l’explosion des inégalités sociales, la tentation de taxer les super-riches
La crise du Covid-19 se fait durement ressentir pour les ménages les plus modestes. Ce sont eux qui ont le plus souffert du confinement en termes de revenus, selon l’Insee, les populations les plus aisées ayant souvent pu télétravailler. Face à cette hausse croissante des inégalités sociales, le FMI recommande aux gouvernements d’augmenter les impôts des plus riches pour investir dans les infrastructures sociales. Une recommandation que l’État de New York semble suivre à la lettre.

@CCO
La pandémie de Covid-19 n’a pas affecté tout le monde de la même façon. Les inégalités sociales se sont creusées au gré des confinements et du recours au chômage partiel. À tel point que de plus en plus de voix s’élèvent pour tenter de redistribuer l’argent accumulé par les populations les plus aisées et par les entreprises ayant le plus bénéficié de la crise. En France, une étude de l’Insee publiée début avril vient démontrer les conséquences financières très disparates selon les catégories de population et selon les territoires.
Un quart des Français ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement. Mais la situation est beaucoup plus tendue pour les 10 % les plus pauvres, qui sont 35 % à avoir ressenti plus durement les effets de la crise. Au contraire, parmi les ménages les plus aisés, seuls 15,5 % ont vu leur budget se réduire. Ce constat établi en France par l’Insee se retrouve également dans tous les autres pays. Le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport d’avril sur les politiques publiques et fiscales, s’en inquiète sur le long terme.
"La pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités et la pauvreté préexistantes et démontré l’importance des filets de sécurité sociaux", écrivent les auteurs du rapport. "Il a également mis à nu les inégalités d’accès aux services de base (santé, éducation, numérique) qui, à leur tour, peuvent causer des écarts de revenus persistants génération après génération."
Investir dans l'éducation et la santé
Pour le FMI, il appartient aux pouvoirs publics de réagir. L’institution internationale recommande pour cela d’investir plus et mieux dans l’éducation et la santé, de renforcer les filets de sécurité sociaux, mais aussi de recourir à des impôts sur les personnes et entreprises ayant bénéficié de la crise. Dans le cadre de la relance post-Covid, le FMI suggère également de créer des dispositifs de contributions temporaires de la part des hauts revenus et patrimoines.
C’est précisément ce que prévoit de faire l’État de New York, aux États-Unis. Début avril, le gouverneur de l’État Andrew Cuomo et les membres de l’assemblée sont parvenus à un accord sur le budget 2022. Celui-ci prévoit une augmentation du taux d’imposition pour les personnes dont les revenus dépassent le million de dollars et sur les entreprises, qui devrait permettre de lever jusqu’à 4,5 milliards de dollars. Le budget prévoit en parallèle d’augmenter les dépenses publiques en direction des écoles ou encore en faveur des immigrants, avec un objectif clair de réduire les inégalités.
"Et si les ultra-riches payaient ?"
En France, une pétition circule sur les réseaux sociaux lancée par l'association Attac. Elle demande : "Et si les ultra-riches et les multinationales payaient la crise Covid ?" en soulignant l'augmentation des fortunes des Français les plus riches en 2020, chiffrée à 175 milliards d'euros de mars à décembre. L'association exige ainsi une taxe sur les patrimoines des 1 % les plus riches, ainsi qu'une taxe sur les bénéfices exceptionnels réalisés par les multinationales pendant la crise. Sur Twitter, la colère gronde avec le mot clé "100 000 morts pour leurs profits" qui rencontre un fort succès sur le réseau social.
On nous a demandé de continuer d'aller travailler, de prendre le métro, de s'entasser dans les bus, de faire touche-touche dans les bureaux.
Tout ça pour leurs profits. #100kMortsPourLeursProfits pic.twitter.com/3behyUogMW— Matthieu Barberis (@MatthBarberis) April 13, 2021
Pour le ministère de l’Économie et des finances cependant, pas question de hausse d’impôt. Bruno Le Maire a déclaré réfléchir à un autre dispositif, préconisé également par le rapport du FMI, qui consiste à favoriser les donations entre générations. Le ministre français envisage ainsi de défiscaliser les petites donations au sein d’une même famille afin de débloquer une partie de l’épargne accumulée pendant le confinement.
Arnaud Dumas, @ADumas5