Publié le 23 décembre 2021

ÉCONOMIE

Passer des fêtes sans s'étriper : non, le catastrophisme n'est pas "une solution"

Cette année encore, la crise climatique va s'inviter au menu des fêtes. Votre oncle Éric a évolué depuis l'an passé mais il est désormais alarmiste et prétend que "la catastrophe est imminente, et que ça ne sert à rien de changer quoi que ce soit". Si les preuves du réchauffement climatique et de l'effondrement de la biodiversité se multiplient, ces faits doivent, plus que jamais, nous encourager à agir. Profitez de la magie des fêtes et des repas en famille pour éclairer votre entourage et, qui sait, peut-être les convaincre. Après tout, la magie de Noël fait des miracles !

Noel sapin ok
La magie de Noël.
@MathGolla

Le dernier rapport du Giec et les nombreuses alertes sur la biodiversité dressent un sombre panorama d'une planète menacée. Mais comment réagir lorsque vous proposez un verre de vin bio à votre oncle Éric qui vous assène que "ça ne sert à rien car on va tous crever" ? Celui qui est passé d'une posture climatosceptique à un ton alarmiste soutient désormais que "c'est inutile de manger moins de viande, d'arrêter de prendre l'avion ou de jouer au parfait écolo car de toutes façons c'est trop tard, la catastrophe est déjà là". Si son discours a changé, il débouche sur une même conclusion : l'inaction. Dès lors, comment garder son sang-froid et répondre sereinement ? En s'appuyant sur des faits pour déconstruire les contre-vérités.

Inutile de nier en bloc tout ce que vous dit votre oncle Éric. Il n'a pas complétement tort quand il dit que l’urgence est à notre porte : le changement climatique est enclenché et ses impacts sont déjà tangibles. La multiplication des événements climatiques extrêmes les plus récents l'atteste : la pire séries de tornades aux États-Unis, les impressionnantes inondations dans les Landes, la sécheresse en Afrique qui affame les hommes et les bêtes ou encore les gigantesques feux de forêts en Californie.

Par ailleurs, les projections pour l’avenir sont préoccupantes. Sans changements majeurs et si l'on prolonge les politiques actuellement mises en place, la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre mènerait à un réchauffement de 3,7°C d'ici la fin du siècle, selon le Climate action tracker (CAT). Les scientifiques évoquent en outre le risque de franchir des seuils au-delà desquels les phénomènes peuvent être amplifiés.

Le changement de modèle est la seule réponse crédible.

Malgré tout, il est encore temps d’agir. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de l’Accord de Paris dont l’objectif est de conserver la température moyenne "nettement en dessous de 2°C" et de "poursuivre l’action" pour la "limiter à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels". Ces objectifs doivent permettent d’éviter au maximum de déclencher des points de basculement potentiellement désastreux.

L'objectif de la COP26 était d'ailleurs d'obtenir un maximum d'engagements et des politiques ambitieuses de la part des États pour contenir au mieux la trajectoire de réchauffement d'ici la fin du siècle. Selon plusieurs analyses, elle pourrait rester sous le seuil des 2°C. "Les promesses climatiques font que Glasgow se rapproche des [objectifs climatiques] de Paris ! Une nouvelle analyse montre que la pleine réalisation de tous les engagements de neutralité carbone pris à ce jour additionnés au Global Methane Pledge [accord mondial pour réduire de 30 % les émissions mondiales de méthane d’ici 2030, ndlr] limiteraient le réchauffement climatique à 1,8°C", s'enthousiasme ainsi Fatih Birol, le patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur Twitter. 

Pour atteindre cet objectif, il faut cependant que les États respectent leurs engagements. S’il y a bien une chose sur laquelle les experts tombent d’accord, c’est qu’il faut accélérer l’action climatique, tenir les engagements actuels et les rehausser au plus vite. Car même une trajectoire de réchauffement à +1,8°C aura des conséquences désastreuses pour des millions de personnes, d’espèces et d’écosystèmes.

Autant d'arguments pour convaincre votre oncle de l'utilité de changer nos modèles de production et nos modes de vie. Avant de lui offrir un cadeau d'occasion, devant un sapin fait maison en trinquant avec un verre de vin bio. Joyeux Noël Éric !

Mathilde Golla @Mathgolla


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