Publié le 07 mars 2021
ÉCONOMIE
Coiffure gratuite, panier repas, coworking... Cinq initiatives solidaires contre la précarité étudiante
Privés d’université, de petits boulots, de sorties…Les étudiants sont touchés de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Ils grossissent les files d’attente devant l’aide alimentaire, se sentent isolés et tombent de plus en plus dans la précarité. Partout en France, les initiatives se multiplient pour leur venir en aide. Des coiffeurs qui offrent une coupe aux entreprises qui partagent leurs locaux quasi vides aux enseignes de grande distribution et leurs paniers repas… Zoom sur cinq initiatives à suivre.

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Des protections hygiéniques gratuites pour les étudiantes
Dans les prochaines semaines, les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques. Objectif visé : 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée de septembre. Le coût de l'opération est estimé à environ 15 millions par an. "Longtemps invisible, la précarité menstruelle étudiante est une injustice que nous ne pouvons plus tolérer", a déclaré sur Twitter le président Emmanuel Macron. Au total, selon l’association Règles élémentaires, 1,5 à 2 millions de femmes auraient du mal à s’acheter des protections périodiques en France.
La grande distribution à la rescousse
Depuis la pandémie, les queues interminables devant les associations d’aide alimentaire montrent l’ampleur de la précarité étudiante dans le pays. Les enseignes de la grande distribution multiplient les initiatives: Auchan et Intermarché offrent aux étudiants un bon d’achat de 10 euros pour 20 euros dépensés et Leclerc va proposer un panier-repas étudiant. Sa date de lancement n’a pas encore été annoncée mais il "serait le moins cher du marché et de qualité", selon Michel Edouard-Leclerc. Picard a déjà récolté près de 300 000 euros en proposant à ses clients d’arrondir leur ticket de caisse.
Du coworking pour sortir de l’isolement
Avec le télétravail, beaucoup d’entreprises se retrouvent avec des plateaux de travail quasi vide. Or l’espace, c’est justement ce qui manque à de nombreux étudiants contraints d’étudier en ligne dans leur minuscule studio. L’agence O Architecture, située à Lille, a décidé d’ouvrir ses locaux à une petite poignée d’étudiants chaque jour. Le but est de faire renaître le lien social, perdu avec la fermeture des facultés. "C’est réconfortant de savoir qu’on ne nous oublie pas", témoigne sur France Bleu, Jonathan en troisième année de management. Habituellement réservée aux professionnels, la maison du coworking accueille désormais gratuitement les étudiants.
Le geste solidaire des restaurateurs
Les restaurateurs, qui eux aussi traversent une crise difficile à gérer depuis leur fermeture, se montrent solidaires. À Toulouse, à Bordeaux, à Marseille… partout en France les restaurants se mobilisent. Le réseau Ecotable, qui rassemble des restaurateurs écoresponsables, cuisine chaque semaine 500 repas offerts, sans contrepartie, aux étudiants. Les chefs étoilés s’y mettent aussi. À Colmar, plusieurs chefs récompensés par le guide Michelin se succèdent en cuisine pour proposer gratuitement 1 600 repas pendant un mois à des étudiants. "Cela permet de manger quelque chose de bon et d’équilibré", témoigne auprès de l’AFP Auriane, 19 ans, étudiante en DUT carrières juridiques.
Les coiffeurs engagés
Le concept des cafés suspendus s’étend à d'autres secteurs. Cette démarche, qui consiste à acheter une baguette ou un café en plus de sa propre consommation pour qu’une personne en situation précaire puisse en bénéficier, est désormais applicable à la coiffure. Dans les Hauts-de-Seine avec l’aide de l’association Levallois Cœur Commerçant le salon Charles B se lance dans cette aventure. À Nieppe, la Voix du Nord raconte comment Laurence Naeye, coiffeuse, a décidé de diviser par deux ses tarifs pour les étudiants. À Villeneuve Dasq sa consœur Charlotte Philippe récolte des produits de première nécessité et prévoit des coupes gratuites.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP