Publié le 15 novembre 2020
ÉCONOMIE
Aide au développement des pays riches vers les pays pauvres : le compte n'y est pas
Les pays développés ne consacrent toujours pas suffisamment d’argent à l’aide publique au développement des pays à faibles revenus. Un rapport d’Oxfam pointe l’écart entre les aides réelles et les promesses faites dans le cadre de l’ONU par les pays riches, et chiffre à 5000 milliards d’euros sur cinquante ans les sommes non versées.

@CCO
Les pays riches ont pris un sacré retard dans l’aide au développement. En 1970, dans le cadre des Nations-Unies, ils s’étaient engagés à verser 0,7 % de leur revenu national brut aux pays pauvres. Cette résolution politique votée par l’ONU, avait pour objectif de lutter contre la pauvreté et les inégalités et réduire l’écart entre les niveaux de développement dans le monde. Cinquante ans plus tard, le compte n’y est pas, estime l’ONG Oxfam dans un rapport intitulé "50 ans de promesses non tenues".
Seuls cinq pays dans le monde s’acquittent de leur versement annuel. Trois d’entre eux, les meilleurs élèves, dépassent largement l’accord initial. Il s’agit du Luxembourg, dont l’aide publique au développement atteint 1,05 %, suivi de la Norvège (1,02 %) et de la Suède (0,99 %). Deux autres, le Danemark et le Royaume-Uni atteignent tout juste les 0,7 %. En France, Emmanuel Macron s’était engagé à muscler l’aide au développement lors de son élection. Celle-ci a bien progressé ces dernières années, mais n’atteignait encore que 0,44 % du revenu national brut en 2019. Le gouvernement ambitionne de la porter à 0,55 % à l’issue du quinquennat.
Une aide cruciale en période de crise
Au global, les pays riches n’ont consacré que 0,3 % de leurs revenus aux pays en développement en 2019, soit 152,8 milliards de dollars, en légère augmentation par rapport à 2018 (+1,4 %). Oxfam a calculé que, si les engagements initiaux avaient été tenus, les pays à bas revenu aurait dû percevoir 5000 milliards d’euros supplémentaires au cours de ces cinquante dernières années. Loin des promesses initiales, déplore l’ONG. "Avec la pandémie de Coronavirus, l’aide internationale n’a jamais été aussi cruciale… et menacée", s’alarme Robin Guittard, le porte-parole d’Oxfam France.
La pandémie accentue les besoins de financement dans les infrastructures sociales et dans l’économie. Les aides publiques au développement seront donc encore plus importantes cette année pour soutenir ces pays. D’autant que la sphère privée a tendance à se désengager des pays émergents. Un rapport de l’OCDE du 11 novembre 2020 anticipe cette année une chute drastique des flux d’investissements privés internationaux en direction des pays à faibles revenus. Selon l’organisation regroupant la plupart des pays développés, ces investissements privés devraient baisser d’environ 700 milliards de dollars par rapport à 2019, en raison de la pandémie.
Les banques publiques de développement, dont les financements peuvent permettre d’attirer plus d’investisseurs privés, se sont justement réunies pour la première fois le 11 et 12 novembre à l’occasion du sommet Finance en commun. Elles ont convenu de travailler de manière plus collective afin de démultiplier leur action, mais aussi d'atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU.
Arnaud Dumas, @ADumas5