Publié le 04 août 2022
ÉCONOMIE
À Bergerac, explosion dans une usine Seveso : radiographie de ces sites industriels à haut risque
Une explosion dans la poudrerie de Bergerac a fait huit blessés dont un gravement. Le même jour, un incendie à eu lieu dans une usine de Safran dans le Bas-Rhin. Les deux sites sont classés Seveso comme plus de 1300 autres sites industriels en France. Ces installations à hauts risques industriels doivent respecter des exigences en matière de sûreté mais le risque d'accident existe toujours.

YOHAN BONNET/AFP
En dépit de mesures de sûreté sur les sites dangereux, la France n’est pas épargnée par les accidents industriels graves. Après l’immense incendie dans l’usine Lubrizol à Rouen en 2019, la violente explosion dans l’usine d’engrais AZF à Toulouse en 2001 ou encore le vaste incendie dans une papeterie à Venize en 2001, c’est désormais au tour de l’explosion dans la poudrerie de Bergerac ce mercredi de marquer tristement les esprits. L’entreprise privée Manuco (Groupe Eurenco), héritière de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE), a été le théâtre de quatre déflagrations qui ont soufflé un hangar de stockage de nitrocellulose et fait huit blessés, dont un gravement.
Un début d’incendie a été rapidement maîtrisé par les sapeurs-pompiers. Il n'y a pas de risque de propagation et "il n'y a pas de danger pour le voisinage", assure Jean-Charles Jobart, sous-préfet de Bergerac, sur France Bleu Périgord. Au niveau environnemental, le groupe indique qu'il n'y a pas eu "de rejet" dans la Dordogne.
Plan blanc à l'hôpital et secteur bouclé
Une enquête est ouverte par le parquet ainsi qu’une enquête interne initiée par Eurenco pour identifier les causes de l’explosion dont l’origine accidentelle est pour l’heure privilégiée. "La nitrocellulose contenue dans un atelier s’est enflammée lors d’opérations de maintenance", explique Eurenco dans un communiqué. "ll est probable qu'un incendie ait provoqué les explosions", juge Thierry Francou, PDG d'Eurenco, sur France Bleu Périgord. "Est-ce que la chaleur a compliqué le travail de ceux qui étaient à l'intérieur ?", interroge de son côté le maire de Bergerac sur France Bleu Périgord. En attendant des réponses, la mairie de Bergerac demande aux personnes d'éviter le secteur. Le plan blanc a par ailleurs été déclenché à l'hôpital de Bergerac.
Ces mesures de précaution sont prises en raison de la nature de l’activité de l’entreprise qui produit de la nitrocellulose pour munitions. Elle est ainsi classée Seveso "seuil haut", soit le niveau de risque le plus élevé pour les populations en cas d’accident. Les sites Seveso sont classés selon deux niveaux de risque, seuil haut et seuil bas, en fonction de la quantité de matières dangereuses présentes.
Quelques heures plus tard, un autre site Seveso "seuil haut" connaissait un incident. L'usine de Safran Landing System à Molsheim, dans le Bas-Rhin, a connu un incendie dans la nuit de mercredi à jeudi qui n'a provoqué aucune victime et causé, a priori, aucune pollution extérieure.
La France compte 1302 sites classés Seveso, dont 691 en seuil haut et 611 en seuil bas, selon les données du ministère de la Transition écologique et solidaire datant de 2021. La région Auvergne-Rhône-Alpes concentre le plus grand nombre d'établissements classés seuil haut (108).
Des mesures pour prévenir des accidents majeurs
Cette qualification impose le respect de normes de sécurité, détaillées par la directive européenne Seveso 3, entrée en vigueur en France en juin 2015. Cette version est la dernière d'une législation adoptée en 1982, à la suite d'un rejet accidentel de dioxine en 1976 dans la commune italienne de Seveso. Les sites industriels ainsi classés doivent fournir une batterie de données, dont la notification sur internet de la nature des substances stockées et des risques associés, des coordonnées des personnes en charge des plans d'urgence, des comportements à adopter en cas d'urgence, la date de la dernière inspection, ou encore le lieu où en consulter le compte-rendu.
L'objectif est de prévenir des accidents majeurs (explosion, incendie, fuite de substances toxiques dans l'air ou dans l'eau, etc.) ou d'en réduire les conséquences, dans les sites présentant les plus grands potentiels d'accident en cas de dysfonctionnement, compte tenu des substances chimiques qui y sont présentes. La législation vise aussi à informer le public, les données étant publiques.
Concernant l’explosion de mercredi, sur son site internet, la préfecture de Dordogne indique que le site d'Eurenco est surveillé pour le "stockage" et la "manipulation de produits explosifs (nitrocellulose)", ainsi que pour le "stockage d’acides (acide nitrique, acide sulfurique)". "On a toujours des risques, mais il n'y a aucune habitation à proximité. Il n'y a pas de consignes à donner et les fumées ne vont pas vers les habitations", assure sur France Bleu Périgord Jean-Charles Jobart, sous-préfet de Bergerac.
Mathilde Golla @Mathgolla avec AFP